Lamentable

Quand j’étais petite, je n’étais pas grande…….super………je voulais, suivant l’humeur, devenir vétérinaire, maîtresse d’école ou je ne sais quoi d’autre. Rien d’original. Temps de l’innocence, des rêves fous, vive l’enfance qui shoote les portes que l’on reprend plus tard en pleine gueule au titre d’imparable retour. La réalité et la dureté du monde…. Par curiosité, je demandais un jour à des jeunes ce qu’ils comptaient faire plus tard. Et là, patatras. Réponse collégiale, terrifiante: Gagner du fric!!! En faisant quoi? M’empressais-je d’objecter. Je ne sais pas, déclamèrent-ils unanimement en rigolant. Merde, pour le coup, c’est moi qui n’avais plus spécialement envie de rire. Quelle misère. En réalité, la seule chose qui puisse aujourd’hui intéresser Pierre, Paul ou Jacques…….pardon Kevin, Matteo ou Brandon c’est de consommer. Consommer quoi? Tout? Tout ce que la réclame oblige à posséder sous peine de terrible quarantaine. L’enfant est un petit animal qui peut être très dur. Quoi, t’as pas des Nike à 250 balles ? T’es un gueux, ton père c’est un clodo. C’est quoi c’te voiture………….pfffff…….le merdeux. T’as rien à échanger, va jouer tout seul. Amis, ceci étant, on est dans la merde. Le monde demain risque d’être pire que ce qu’il est déjà, transformant irrémédiablement l’imagination en monnaie. Je hais le fric qui peut transformer le plus intelligent en redoutable connard. La braise brûle les doigts, creuse l’humanité et divise le monde en deux catégories, les salauds et les minables, sachant que le rêve absolu consiste à faire partie du camp des salopards. Dans quel but? Posséder encore plus, c’est ça le vrai bonheur. Bon! Soit! Si un type de 100 kilos fracasse un autre de 60, la raison du plus fort…..tout le monde s’offusquera à juste titre. Si un type pesant 80 millions de francs en écrase 10’000, standing ovation, vive la réussite! Y’a une couille quelque part… Tout ça m’ennuie, me désespère. Parents, évincez vos gosses de ce processus au lieu de les y propulser en balbutiant des “le pauvre, il aura pas d’amis sinon” et autres ”on y peut rien, c’est la vie”. Oui mais quand la vie est une tartine de puissant compost et qu’il faut s’en gaufrer une belle bouchée chaque matin, il y a matière à réfléchir. Si de la réussite découle le malheur, plus rien n’a de sens. Alors plus de pub, plus de chaînes de télé concoctées par des analphabètes pour que nous le restions, plus de béate admiration de réussites frelatées qui suintent la tragique condition des 3/4 de l’humanité, plus de mépris affiché pour tout ce que le voisinage compte de pauvres âmes qui ont pris le train en pleine tronche, plus de “moi, je! J’ai! Je veux!”.
Il n’y a de plaisir que partagé!

Publié lundi 31 mai 2010